Où suis-je ?
Récit au fil des pas
Mercredi 13 juillet 2022.
Les montagnes sont atteintes d’une jolie maladie. Des plaques jaunes ont poussées un peu partout colorant d’autant plus ces montagnes déjà majestueuses. Peut être est-ce la ligne de haute tension qui a électrisé cette vallée ???
Le bonheur de voir l’ombre de mon chien a côté de la mienne, avec sa queue qui bat la mesure ou encore devant à trottiner, heureux de fureter dans l’atmosphère matinale.
À 9h30, on arrive au camping et refuge de San Nicolas de Bujaruelo. Il y a du wifi, c’est ce qui m’a permis de rattraper mon retard de cinq jours, le réseau sinon n’était pas terrible. J’en profite pour prendre un très bon croissant et, deux heures plus tard, avant de repartir, une assiette pleine de protéines, œufs au plat et galette végétarienne accompagnée de frites. C’est vraiment pas très cher, seulement 9 euros. J’ai également pu recharger ma batterie. Artic lui a apprécié la sieste de deux heures et est fin prêt à repartir lorsque je remballe tout.
Je suis contente de mon choix le chemin est sublime et malgré les quelques panneaux priant d’attacher son chien pour le bétail, tout le monde les laisse détachés. Artic, comme les autres chiens que je rencontre, reste proche alors je le laisse libre. On commence par traverser un plat magnifique. De larges pelouses, qui n’attendent que nous, côtoient une jolie rivière peu profonde ce qui souligne sa pureté.
Artic se fait attaquer par des oiseaux mi moineaux mi rapaces qui virevoltent avec grâce entre les cimes et la falaise sous laquelle on passe. Il sont très rapides et font sursauter Artic quand ils le frôlent. Il vient se coller à moi pour éviter de se faire manger par ses mini rapaces. Il a même peur d’un papillon ensuite, je rigole bien.
Ça me rappelle hier un moineau qui barbotait dans le torrent qui descend du cirque d’Estaubé. Il nageait un ou deux mètres avant de ressortir et de se secouer. Plusieurs fois d’affilée. L’air qui rencontre l’eau plein de mignonnerie.
Tranquillement mais sûrement on remonte la vallée du torrent d’Ara. Au détour d’une courbe il y a un un joli bassin. Je ne résiste pas plus longtemps et y plonge.
On longe le massif du Vignemale par le sud et je me demande qu’est ce qui justifie la différence de traitement des chiens entre le côté français et le côté espagnol.. En tout cas je remercie l’Espagne de sa tolérance !
J’arrive vers 16h15 à un recoin assez bien protégé de bivouac à côté de ce même torrent. Ce sera le stop de ce soir ! En dessous du Vignemale !
Marcher jusqu’à trouver l’endroit idéal où se poser, s’allonger, se reposer et surtout contempler. Un des moyens d’accéder au bonheur
Je crois que lire Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson, une ode à la vie en ermite et à la contemplatt, où il vit retiré dans la taïga russe au bord du lac Baïkal, était une bonne idée. De la part d’un baroudeur comme lui, toute cette expérience de vie de six mois retranscrit des apprentissages de la vie « simple », minimaliste, dans sa nature propre proche de la nature dont on tire tout ce dont on a besoin pour vivre ou presque, et finalement les bienfaits d’apprendre à ralentir. Il dessine le tableau inversé de l’image du citoyen dont on nous sert jusqu’à plus soif en société : le tableau de l’être retiré et indifférent des faits sociaux et étatiques, vivant, indépendant et donc libre, et dont les heures comme celles des animaux sont remplies d’inactivité. Dans cette traversée des Pyrénées, j’ai pu toucher à la solitude des soirées dans la nature, j’ai pu m’apercevoir la difficulté de ralentir, la difficulté de passer du temps à ne rien faire à part contempler. Tesson, dans son livre n'explique pas comment y arriver, il n’y a pas de recette, il faut peut être juste s’y forcer. Faire le vide comme on dit. Où s’enfermer dans une cabane loin de tout et affronter les heures silencieuses. Affronter son temps libre. La liberté doit être apprivoisée pour être appréciée. Apprendre à observer. Marcher longtemps, traverser pendant un mois et demi les Pyrénées, est peut être un premier pas vers cette sagesse et ouverture à l’Extérieur. Malgré tout je ne dis pas là qu’il faut vivre en ermite, mais savoir le faire est une grande richesse à acquérir. Trouver son bonheur dans la nature apporte recul, calme et tranquillité d’esprit. La nature devient aussi une source inépuisable de bonheur.
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