« Je vous jure, nous vivons dans un monde sans queue ni tête » m’exclamai-je en tapant du poing sur la table.

La rage m’étreignait devant cette injustice qu’était le transabeille. Pourquoi le monde était-il si injuste ! Le seul moyen de se déplacer sur cette planète était ces minuscules abeilles, pratiquement intouchable ! Toute ma famille pouvait les toucher mais moi, elles me le refusaient toujours.

« C’est toi qui n’a ni l’un ni l’autre » me railla quelqu’un dans la salle.

Tout le monde s’esclaffa. Je fulminai.

« Vous trouvez ça normal vous ! de devoir etre dépendant de minuscules insectes pour survivre ? Toutes nos activités de nos jours dépendent de ces animaux et rien ni personne n’a penser à leur trouver une alternative… »

« C’est l’ordre des choses, arrête de te prendre la tête ! » répliqua quelqu’un par-dessus le brouhaha de rires gras.

« Tu rages seulement parce que tu fais partie des rares parias qui sont incapables de les apprivoiser » ajouta un autre, faisant repartir de plus belle les rires.

C’en était trop, je me levai brutalement, faisant racler ma chaise. Celle-ci tomba en arrière dans un fracas qui s’entendit à peine dans le tumulte de la pièce communale.

Je m’en allai en claquant la porte pour souligner mon dédain.

Mon esprit lui restait aux prises avec mes tourments. Je ne pouvais pas continuer ainsi, ma famille entière était partie au mariage de mon petit frère qui avait choisi de vivre à des centaines de kilomètre d’ici, et qui avait trouvé l’amour de sa vie. Qu’il soit maudit ! pensai-je. J’avais cinq ans de plus que lui et n’avais pratiquement vécu aucune histoire à cause de mon incapacité à transabeiller. Les abeilles n’avaient jamais voulu de moi mais aujourd’hui ça devait changer, je ne supporterai plus de vivre ainsi un jour de plus.

Je pris au pas de course la direction du centre aux abeilles, la zone d’entrainement pour les jeunes habituellement.

Ma détermination aujourd’hui était sans faille. J’allais y arriver, coute que coute, quoiqu’il en coute et quel qu’en soit le prix !

J’arrivais devant le bâtiment, une sorte d’arène plutôt car hormis les murs d’enceinte il n’y avait pas de toit pour laisser les abeilles aller et venir.

Je poussai la porte à battant avec force et entrai dans l’espace verdoyant et fleuri, une mer de fleurs multicolores. Heureusement qu’il n’y avait personne derrière sinon je l’aurai assommé. Et soudain je me dis stupidement, et si j’avais assommer une abeille ? ça serait ma chance !

Je me mis à quatre pattes devant la porte à chercher frénétiquement dans l’herbe. Rien, rien, et rien…

« Vous cherchez quelque chose ? » me demanda une voix infantile

Je me rendis compte que je serai les dents si fort qu’elles grinçaient et j0avais mal à la mâchoire. Je me forçai à relâcher et me relevais prestement quoique péniblement

« Non, non, ne t’inquiète pas, je regardais juste… l’état du sol »

Mais qu’est-ce que je racontai, n’importe quoi moi…

L’enfant, une fillette brune de 10 ans aux allure d’ange dans ses habits blancs, était entourée d’abeilles qui lui faisaient comme des petits baisers partout. Elle me regardait d’un air perplexe mais n’ajouta rien.

Je me détournai d’elle puis allai dans un coin de l’arène davantage en fouillis et surtout où il n’y avait personne. Je m’affalai au sol, puis me repris et me mis en tailleur. Je refrénai une envie de pleurer tout à fait enfantine. Voulu me mettre une claque pour ça. Je me relevai et réprimai une nouvelle envie de crier et me forçai au calme. Je devais rejoindre ma famille. Il me fallait une stratégie. Si les abeilles ne voulaient pas venir à moi, je vais aller à elles !

Plus facile à dire qu’à faire, me raillai-je.

Je devais en attraper une c’est aussi simple que ça. Je décidai d’enlever ma veste et d’attendre. Une abeille vint, je lançai ma veste sur elle. Raté. Quelques minutes plus tard, une autre occasion se présenta. Je lançai ma veste trop tôt, l’abeille était trop loin, il fallait que j’attende qu’elle soit plus près. La suivante me tourna autours sans m’approcher. Je regardais autour de moi pour vérifier que personne ne me regardait, puis courrai dans sa direction tout en armant ma veste. Je la projetai au-dessus de l’insecte sacré et me laissai tomber aplat, les bras tendu en avant avec la veste en piège sur l’abeille.

Je crois que je l’avais. J’appuyai frénétiquement de part et d’autre de ma veste pour la plaquer au sol, par peur qu’elle ne s’échappe.

Comment allai-je faire maintenant pour voir en dessous ma prise. Et si je l’avais écrasé ?? D’un coup j’eu une sueur froide. Le meurtre d’une abeille est puni par une exclusion totale de la communauté.  Mon dieu mon dieu.

Je soulevais d’un coup la veste, pris de panique.

Il y avait bien une abeille, elle vola droit sur moi, et je poussai un cri. Elle vint se planter directement dans cou. Mon cri s’étrangla à cause de la vive douleur qui parcourra mon cou et ma tete et mes épaules de part et d’autre. Ma fin était proche et je pensai à ma famille, à mon petit frère et son mariage si loin d’ici, je mis la main à mon cou. Tout d’un coup le monde devient flou et j’étais en chute libre. Je criai longuement en battant des mains pour trouver un appui. Rien. Cela me parut durer une éternité. Puis ma main droite se cogna violemment contre une surface dure. La douleur fusa dans mon avant-bras.

« Arhgg ! »

Je roulai sur le côté, en ramenant mon bras contre moi. La douleur se mélangea à une forte nausée. Je suis pris d’un haut le cœur. Provenant de loin :

« Drout ?! Drout c’est bien toi ? mais qu’est-ce que tu fais ici » c’était ma mère.

Je me redressai difficilement en essuyant ma bouche. Je vis toute ma famille en cercle autour de moi, la maison en chaume et au sol en pierre, les meubles si chaleureux tout comme mon petit frère. D’ailleurs celui-ci était là aussi, dans ses plus beaux habits. Plus élégant que jamais. Je perdis pieds et le voile noirâtre devint profond et la vision s’éteignit. J’avais réussi c’était le principale je suppose,

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