Où suis-je ?
Samedi 16 juillet 2022.
Le pays basque commence mal pour moi. Ce n’est pas le temps qui est au beau fixe mais plusieurs problèmes ce soir…
Ce matin, nous sommes partis à l’aurore pour grimper les 1200m au plus frais. Ça a plutôt fonctionné puisque à 11h30 nous avions fini le plus gros du dénivelé plus, même si dès 8h on sentait déjà qu’il allait faire chaud.
Sur le chemin Artic a joué avec trois chiens du refuge de l’Aberouat. Il a fait son clown à tournoyer, sautiller dans tous les sens et à sprinter tout le monde a bien ris ! Il était en forme ce matin.
S’ensuit deux bonnes heures dans les lapiaz très jolis mais assez éreintants et abrasifs pour Artic qui a déjà chaud.
La vue est belle mais ce qui me marque le plus c’est l’absence de grandes montagnes, ça y est nous sommes en train de quitter les montagnes pour redescendre vers l’océan. On ne le voit pas encore mais le relief suffit pour deviner qu’il n’est plus très loin. Ça me fait vraiment un effet bizarre !
On redescend toujours et avec la chaleur l’eau part vite et comme on m’avait prévenu, le pays basque c’est vert mais il n’y a pas d’eau, déjà les torrents me manquent. Hier encore torrents, lacs, étangs, ruisseau, sources, abondaient…
Une fois redescendue à la route, on attend sur le bord de la route, après trente minutes et un refus de la part d’un couple de retraités en suv a qui j’avais donné des indications pour leur chemin retour grâce à ma carte. La dame qui ne mappreciait apparemment pas a prétexté que ce n’étais pas possible car je ’ai pas de masque. Je commence donc à marcher à contrecoeur avec Artic sur la route en plein soleil.
Toujours cette atmosphère qui pique les yeux.
Une épingle à cheveux plus tard, une française passe et s’arrête comme par magie. Elle est super et m’emmène jusqu’au refuge de Belagua. D’après elle la brume n’est pas liée à la chaleur mais aux incendies qui touchent la Gironde en ce moment. Ce qui expliquerait que par deux fois j’ai senti de la fumée.
Le refuge est en Espagne donc pas de chien à l’intérieur donc après une pause et le remplissage de ma poche à eau, légèrement percée depuis quelques jours, je me mets en quête d’un endroit où planter la tente plus loin sur le chemin. Il est 17h. Le chemin est tranquille à flanc de montagne mais il y a plein de vaches. Finalement au col, elles sont suffisamment loin pour que ça ne m’inquiète pas trop pour cette nuit. L’emplacement est venté et je dois m’y reprendre à plusieurs reprise pour poser ma tente tarp. Je remarque plus tard que le craquement entendu pendant que je me débattais avec la toile est un de mes arceaux. Il a fendu à une jonction, sans doute n’était il pas totalement enfoncé…. J’y ajoute mon renfort pour stabiliser la structure centrale de la tente. Cela m’inquiète pas mal.
Artic s’est refroidi et en se relevant il gémit…. Il a l’air dans la douleur et je suis pétrifiée… ai-je trop forcé aujourd’hui, je ne m’en suis pas rendue compte, on a fait 20km avec 1500m de montée en gros, mais Artic avait l’air en forme bien que fatigué en repartant de Belagua. Maintenant il gémit à chaque fois que je plie une de ses pattes comme si toutes ses articulations étaient enflammées et douloureuses. Ça doit être l’épuisement plus probablement. Il est sensible peut être est ce simplement des douleurs musculaires ce soir et cela sera passé demain mais ça a l’air sérieux ce soir. Il boit mais ne mange pas ce qui ne m’étonne pas puisque lorsqu’il a mal quelque part il reste prostré.
Pour ajouter à tous ça, pas de point d’eau à proximité ou un ruisseau 100m plus bas avec les vaches, donc pas de quoi se laver après toute cette sueur et j’ai perdu ma poche à eau secondaire souple qui me servait à filtrer l’eau. Heureusement j’ai de la réserve en eau pour ce soir et demain il y a un autre ruisseau sur le chemin et pas de vache peut être au pire j’ai mes pastilles de chlore. Demain, j’espère qu’Artic ira mieux, quoiqu’il en soit on descend si besoin au village d’iraty…
Les vaches bougent, je les surveille.
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