Où suis-je ?
Récit au fil des pas
Vendredi 1er juillet
Finalement, il n’a pas fait si froid, j’ai dormi avec le sac de couchage en couverture avec Artic avec moi sur le matelas. Je n’ai pas eu trop chaud mais je n’ai pas eu froid malgré le vent qui a pas mal soufflé. Il soufflait perpendiculairement à la tente ce qui n’était pas le meilleur pour ma tente qui se tordait beaucoup, mais l’air ne passait pas sous les absides ainsi.
Nous nous mettons en route avec Bernard pour qui c’est la dernière journée.
Nous passons le col de Certascan, après avoir gravit un névé. Il était pas très grand et suffisamment mou pour se tailler des marches en tapant dans le bout de son pied et par la même occasion en se projetant pas mal de neige dans la tête. À moins que je ne sois pas douée… il faut dire que sans bâton je prend une position un peu d’escalade, les doigts enfoncés dans la neige pour mieux me cramponner.
Nous rencontrons en contrebas du col, quatre petits chevaux qui dormaient là. Ils ont tous des robes magnifiques, un isabelle aux crins gris, un bai foncé, un alezan aux crins plus clair, un gris à la tête baie . Ils sont très sociables et contents de nous voir et d’avoir des caresses et des gratouilles. Ils reniflent Artic qui est plutôt impressionné et n’aime pas trop l’intérêt qu’ils lui portent.
Plus bas, après avoir passé l’étang de Blau et ses belles cascades douces et larges, nos chemins se séparent. Dorian va faire une variante ariégeoise et accompagne Bernard qui repasse côté français pour rentrer chez lui.
Je continue seule la descente dans la vallée, Artic sent un animal et c’est un sanglier qui se met à courser. Heureusement, il revient et le sanglier s’arrête. Il n'allait pas bien vite, je me demande sible sanglier n’étais pas blessé.
L’herbe vibre à l’unisson avec les sauterelles.
Les papillons bleus et les fleurs jaunes et roses décorent cette vallée pleine de vie.
J’arrive à Nouarre, un village assez peu vivant mais super mignon. Les maisons groupées en un hameau et sont toutes en belles pierres. J’y déjeune tranquillement sur l’avancée d’une maison faite d’une seule pierre massive, avant de reprendre ma route, en parcourant un petit sentier forestier.
Artic a de la compagnie, un chien nous suit depuis le déjeuner.
Cela fait du bien de sortir de l’étage alpin même pour peu de temps. Tout est moins râpé, plus vivant. Finalement le chien écoute mes paroles et retourne par d’où il est venu.
Il n’y a pas de réseau depuis quatre jours. Il y a des traces humaines indiscutables mais on les oublie vite dès qu’on s’écarte de la piste et du village.
Je dois remontrer de 800m mais le chemin est doux et passe régulièrement dans le torrent dont on suit la vallée. Bientôt, il s’enfonce dans une crevasse qu’il a creusé lui-même à force de couler. Telle une scie, depuis que la dernière glaciation est terminée, il a entaillé la roche dure, socle de cette montagne.
Je parcours une ancienne vallée glaciaire avec une forme en U et des pierre lisses mais marquées par les ancestrales griffures du glacier s’écoulant le long de celle-ci.
Finalement dernière grimpette avant d’atteindre le refuge. Celui du mont Rouge ou encore d’Enric Pujol (un ancien alpiniste). Il est perché à 2200m et juste au dessus d’un autre lac magnifique, celui de Gallina.
Le refuge est vide, ça me va aussi un peu de solitude. Je fais un saut dans le lac. Il est glacé comme d’habitude mais toujours aussi cristallin et bleu, grâce à de la pureté de l’eau issue de la fonte des neiges, tombées cet hiver. Ça fait du bien l’eau froide même si le cerveau n’est pas d’accord. Je suis en compagnie de jolies grenouilles !
Puis, je remonte avec mes affaires lavées et mes 3L d’eau. Artic n'est pas mécontent de finalement s’allonger sur le matelas et dormir. Je pense me faire une bonne casserole de vermicelles avec de la soupe grâce à la générosité de randonneurs qui ont laissé un gros paquet dans le refuge.
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